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Ajaccio : la concession « Coeur de ville » critiquée par l’opposition


Julia Sereni le Mardi 30 Novembre 2021 à 09:45

Ce lundi 29 novembre, le conseil municipal d’Ajaccio a voté une délibération concernant l’opération d’aménagement « Coeur de ville », confiée à la Société Publique Locale d’Aménagement (SPL) AMETARRA. L’occasion pour l’opposition nationaliste de faire part de ses interrogations sur ce qu’elle considère comme une « usine à gaz ».



Lors du conseil municipal d'Ajaccio, Jean-François Casalta a qualifié d'"usine à gaz" la SPL AMETARRA. Photo : Michel Luccioni
Lors du conseil municipal d'Ajaccio, Jean-François Casalta a qualifié d'"usine à gaz" la SPL AMETARRA. Photo : Michel Luccioni
Une « usine à gaz ». C’est ainsi que Jean-François Casalta qualifie le fonctionnement de la Société Publique Locale d’Aménagement (SPL), chargée de réaliser divers projets urbains de la ville d’Ajaccio, notamment la place Campinchi, l’aménagement de la Citadelle et de la ville génoise ou encore la création de parkings. Et c’est à l’occasion d’une délibération portant à la fois sur un avenant au traité de concession et le rapport du compte rendu annuel au concédant que l’élu d’opposition a fait part de ses interrogations.

Un financement « tiré par les cheveux »

« Vous accepteriez qu’un membre de l’opposition puisse siéger dans le conseil d’administration de la SPL ? », demande-t-il d’emblée. Car pour l’élu du Partitu di a Nazione Corsa, certains mécanismes paraissent « curieux » et jettent « l’opacité » sur la SPL. « Il y a des bâtiments d’abord prévus pour la location qui ont été rétrocédés à la ville, aujourd’hui on rétrocède le ‘miroir d’eau’… », relève Jean-François Casalta. « Je ne veux pas jeter la suspicion, mais on s’interroge. » Outre la lisibilité, un autre point préoccupe l’avocat, celui des finances. « Les ressources ne sont pour l’instant qu’éventuelles », s’alarme-t-il. Jean-François Casalta considère que le PTIC, sur lequel la Ville compte s’appuyer, constitue un recours précaire. « On a parfois et même souvent été déçus par les annonces de l’État », pointe l’élu. « Quand je vois un niveau d’endettement de 17,5 millions d’euros et quand j’ai du mal à mettre les ressources en face, je m’inquiète. Cela nous parait flou et nous avons besoin d’explications », conclut-il.
 
Le volet financier, c’est aussi ce qui inquiète Jean-André Miniconi, du groupe Aiacciu Pà Tutti. « 40 millions d’euros, 50% de subventions, 25% participation de la mairie, 25% de recettes, et dans ces recettes, la seule dont on soit sûr, c’est la vente de la halle des marchés », détaille-t-il. « Dans ce montage financier, vous avez mis 7 300 000 euros de la citadelle, vous n’êtes pas sûr de les avoir ! » C’est donc avec une grande réserve que Jean-André Miniconi accueille lui aussi cette délibération. « Il n’y a pas de jugement de valeur, je sais que ce sont des choses très complexes, mais ce plan de financement apparait tiré par les cheveux », estime-t-il.

« L’opacité, il n’y en a pas »

La réponse vient d’abord du premier adjoint. Agacé par les termes d’ « usine à gaz » et d’ « opacité », Stéphane Sbraggia répond aux critiques de l’opposition : « Ce n’est pas statique un projet, deux ans après, ça peut évoluer. Ce n’est pas opaque, c’est simplement qu’on avance au fil de l’eau avec une crise qui brouille les pistes. Il n’y a pas de volonté de dissimulation, d’artifices, seulement une matière extrêmement complexe ».

Pas d’opacité, c’est également la réponse du maire. « Je ne vois pas d’inconvénient à désigner un ou une élu(e) de l’opposition au conseil d’administration, pour la simple et bonne raison que l’opacité, il n’y en a pas », martèle Laurent Marcangeli. Pour ce qui est du financement, le maire reconnait bien volontiers qu’il s’agit d’un « combat permanent ». « Nous avons été chercher des financements sur des programmes exceptionnels, ça a été des débats corrosifs… Moi ce que je voulais, c’est permettre l’aménagement de projets », souligne-t-il. « Je pense qu’aujourd’hui l’outil est en train de prendre sa place », conclut le maire.
 
Malgré les abstentions des deux groupes nationalistes, le rapport a finalement été adopté.